Monday, March 14
"Le Festival du Têt" ou "Jamais pendant le service"
Hier soir (8 février 05), c'était le réveillon du Nouvel An chinois, très fêté au Vietnam. Le Nord du Vietnam ayant été envahi pendant plus de mille ans par les chinois, leurs traditions y sont encore très présentes. Après une journée en famille, les vietnamiens se retrouvent dans une ambiance toujours familiale autour du Petit Lac (le lac de Hoan Kiem) au sud de la vieille ville. Les alentours du lac sont animés par quelques podiums où se produisent de jeunes danseuses traditionnelles, souriant fièrement sous de larges posters de Ho Chi Minh.Je me trouve avec une autre française nous faisons tranquillement le tour du lac. La foule se fait soudainement plus dense, les gens se poussent les uns les autres. Violaine a un doute, elle vérifie son sac: un coup de cutter bien placé et la voilà allégée de son passeport, sa carte de crédit et de son appareil photo. Il est 23h30, il ne nous reste plus qu'à trouver un poste de police.Parmi la foule se trouvent de nombreux policiers, on leur montre le sac entaillé et leur demande le chemin d'un poste de police. La plupart reste totalement indifférente à notre situation, quelques-uns nous indiquent d'un geste désinvolte une vague direction avant de détourner leur regard ... Après plus d'une longue demi-heure de recherche, nous arrivons enfin devant un commissariat de police. On explique le problème en montrant le sac tailladé aux deux policiers qui se tiennent à l'entrée. Ils nous font signe de dégager d'un air dédaigneux et feignent de ne pas nous voir. Abasourdies par leur comportement, nous insistons: ils nous font signe de revenir le lendemain car visiblement ils n'ont pas envie de travailler un soir de réveillon. à moins que ce soit la crainte d'avoir de la mauvaise chance pour toute l'année à venir, car la tradition vietnamienne veut que la première personne qui entre votre maison le jour de l'an détermine votre quota de chance pour la nouvelle année. Donc si vous êtes une femme, malade, au chômage, divorcée, ayant eu des décès récemment dans votre famille, mieux vaut rester chez vous car personne ne voudra vous voir le premier jour de l´année !On appelle à la rescousse une employée de mon organisation VSO qui nous rejoint une demi-heure plus tard avec son mari ... qui se trouve être policier. Etonnamment, on nous laisse entrer tous les quatre. Après quelques minutes on nous annonce qu'il faut nous rendre dans un autres commissariat car évidemment, le lieu du vol correspond à un autres secteur ... Sans douter un seul instant de la véracité de ces propros, nous voilà sur le chemin de l'autre poste de police où nous sommes reçus cordialement dans une atmosphère très ... enjouée. Notre interprète VSO ayant expliqué la raison de notre visite (sans mari policier restera en retrait pendant toute la durée de notre visite), on nous demande de remplir 2 formulaires en anglais et vietnamien, ou pour être plus précise deux doubles pages tout juste arrachées d'un cahier de brouillon ... Notre besogne achevé, le commissaire de police - ou tout du moins la personne ayant l'air d'être en charge du commissariat ce soir-là - débarque dans le bureau dans un état que l'on pourrait qualifié de sobriété relativement avancée ... Il sort une petite bouteille d'eau remplie de "liqueur médicinale" et nous en propose, ou plutôt impose, pour fêter la bonne année. "100 percent !" crient-ils tous en coeur en levant leur verre, ce qui signifie qu'il va nous faloir vider notre verre d'une traîte si nous ne voulons pas compromettre la validation du rapport de police ... On nous retrouve de derrière les fagots une sorte de formulaire qui semble être une photocopie de photocopies en chaîne et on nous demande cordialement de bien vouloir recopier finalement ce qu'on avait déjà écrit sur les deux autres feuilles. Qu'à cela ne tienne ! Nous n'en sommes plus à cela près ... Violaine demandant l'autorisation de fumer, le commissaire se fait une joie, sinon un devoir, de lui offrir - au nom de la police vietnamienne - un paquet de cigarettes. Puis commence une série de compliments à l'intention entre autres de Violaine que mon interprète me traduit en anglais et que je retraduis en français. Quand le commissaire en vint au "puis-je vous embrasser", nous avons tous ri bien fort en se demandant si on sortirait un jour de ce lieu avec notre fameux rapport ... Puis ce fût au tour d'une bouteille de whisky de faire son apparition, que nous refusâmes chaleureusement. Pour finir, après nous avoir dit ô combien il était désolé de ce qui nous était arrivées, le commissaire nous a assuré que la police vietnamienne allait faire tout ce qui était en ses moyens pour retrouver les objets volés. Etant donné que personne ne s'était donné la peine de lire le rapport que nous avions écrit avant d'y apposer un coup de tampon, nous n'y avons pas douté un seul instant ... 2h30 de matin, il est temps d'aller se coucher: je pense que nous n'avons pas perdu notre temps ... ;-)